Lorsque l’on souhaite consulter, plusieurs choix de thérapeutes se profilent. C’est donc une question légitime que de s’interroger sur la pertinence de consulter un hypnothérapeute ou un psychologue. Comment différencier ces deux métiers qui peuvent sembler à première vue en opposition ?
1. Une question d’approche thérapeutique
A l’heure où bon nombre de psychologues, de psychiatres ou de psychanalystes se forment à l’hypnose, la frontière devient plus poreuse avec l’exercice et la spécificité de l’hypnothérapeute. Ces professions sont convaincues de l’intérêt hypnotique dans une démarche de soin. Le père-même de la psychanalyse, Sigmund Freud, utilisait l’hypnose avant de se lancer dans l’étude plus poussée de la psyché. Pourtant ces deux approches, psychologie et hypnothérapie, ne reposent pas philosophiquement et scientifiquement sur les mêmes bases. Elles peuvent même se confronter d’une certaine manière dans l’intention du praticien. En effet, le psychologue va rechercher la ou les causes à l’origine des difficultés rencontrées par la personne. C’est une approche par la causalité ou autrement nommée « orientée problème ». Alors que l’hypnothérapeute se penche plutôt sur les solutions offertes. C’est une approche « orientée solution ». Il existe toutefois un point commun entre ces deux métiers, celui de l’inconscient. Car que ce soit pour y trouver une solution ou pour y trouver la source du problème, l’inconscient est l’élément central des deux approches.
2. Une question de conscientisation ou « d’inconscientisation »
Pour aller plus loin dans la démarche thérapeutique, le psychologue amène le patient à conscientiser la problématique à laquelle il doit faire face. C’est le processus de conscientisation, c'est-à-dire visant à repérer, puis à comprendre les mécanismes psychiques qui le conduisent à adopter certaines attitudes, réactions ou décisions. Pour cela, il favorise la parole, la verbalisation du patient, c’est l’outil thérapeutique. Le postulat de cette méthode s’appuie sur l’idée qu’une fois les enjeux pensés et compris, la personne peut franchir le cap du changement. L’hypnothérapeute propose une hypothèse différente, celle que la conscientisation des problèmes ne suffit pas à amorcer le changement. L’inconscient serait le gardien des mécanismes de défense, de fuite, et de prophéties auto réalisatrices. Pour cette raison, il accompagne le consultant avec ces deux modalités. Néanmoins, dans ce cas l’outil n’est pas seulement le langage, c’est aussi l’état modifié de conscience (ou la transe hypnotique). En définitive, ces entrées ne sont pas antagonistes mais additionnelles d’autant plus dans le cadre d’une thérapie dite brève. La temporalité de l’accompagnement est-il un critère de décision ?
3. Une question de temporalité et de brièveté
Pour le psychologue, la durée de prise en charge est fonction de l’avancée du consultant sur sa problématique. Naturellement, il va l’aider, souvent par le principe d’interrogation, à mettre en lumière les points pertinents qui induisent des comportements inadéquats, voire gênants. La psychologie notamment clinique n’est pas sollicitée pour progresser rapidement. Il faut du temps, il faut de la patience mais aussi une capacité résiliente de la personne. La résilience est considérée comme la capacité à rebondir face à un traumatisme ou après un échec. Pour l’hypnothérapeute, la pression est bien plus importante puisque les clients viennent souvent avec le préconçu que leurs difficultés vont s’évaporer au bout de quelques séances. Dans un monde moderne où tout va de plus en plus vite, on attend également de la thérapie une visée pragmatique et donc rapide. Il est vrai que la norme en matière d’hypnothérapie s’évalue autour de 4-5 séances pour venir à bout du motif du rendez-vous. Le seuil de tolérance du client n’est pas le même s’il s’agit du psychologue ou de l’hypnothérapeute. Pour ce dernier, Il est en attente d’effets concrets et immédiats pour traiter la problématique. Le nombre de séances, l’espacement entre les entretiens, et les résultats escomptés ou perçus peuvent être des éléments différenciateurs dans le choix de l’un ou l’autre praticien. Toutefois, la question de l’efficience de la réponse thérapeutique dépend de la récurrence et de la force des troubles identifiés.
4. Une question de degré de gravité des troubles
Tout logiquement, cela mène aux raisons qui poussent à se diriger vers le psychologue ou l’hypnothérapeute. Pour le premier, comme pour le second, la frontière peut paraître mince entre les deux. Il suffit de lire, par exemple, les cent-trente-six raisons de consulter un hypnothérapeute. Néanmoins, ce sujet aborde en creux la pathologie, autrement dit l’étude de la maladie, de ses causes et de ses symptômes. Il existe des pathologies chroniques, à hauts risques. Il faut aussi les distinguer de la maladie mentale telles que les névroses, quand le patient a conscience de ses symptômes (état dépressif, névroses obsessionnelles, phobies, TOC, hystérie, syndrome de stress post-traumatique…) et les psychoses, quand il n’a pas conscience de ses troubles et se voit souvent en dehors de la réalité (schizophrénie, paranoïas, troubles bipolaire ou de l’humeur, pervers, psychopathe…). Les maladies mentales relevant de la psychose ne sont jamais traitées par les hypnothérapeutes qui redirigent le plus souvent vers un médecin psychiatre. Le degré de gravité des troubles est bien un facteur décisif dans le choix du thérapeute. D’autant plus lorsque la maladie exige un traitement médicamenteux que ni les psychologues, ni les hypnothérapeutes ne peuvent prescrire. Seuls les médecins peuvent rédiger une ordonnance médicale. Sur ce plan, la question du choix reste relativement tranchée. Si la gravité est essentielle, celle de l’attraction l’est moins.
5. Une question d’attractivité des techniques
L’hypnose détient encore une image fantasmagorique liée au spectacle et au miracle. Certains individus sont persuadés qu’ils peuvent être soumis totalement aux injonctions du guidant. Il existe soit une attirance, soit une aversion qui s’éloignent du bon sens commun. Et justement, le juste équilibre se trouve dans la pratique de thérapie par l’hypnose qui a réussi comme technique à démontrer tout l’intérêt et l’efficacité. De façon plus rationnelle, les techniques hypnotiques sont plus attractives car plus accessibles. L’auto-hypnose en est la démonstration. Il n’est pas besoin d’être hypnothérapeute pour utiliser ces techniques. Certes, le maniement n’a pas le même objectif, la même finalité s’il rentre dans une démarche d’aide ou d’autorégulation. A l’inverse, les techniques psychologiques ne peuvent pas être employées par le patient en toute autonomie. Pour réguler ou soigner, seul le psychologue peut manipuler ses connaissances et ses procédés. De plus, l’attraction se trouve également dans l’originalité et l’application des techniques. En cabinet d’hypnothérapie, le client se trouve rapidement dans un état de détente et de relaxation, un instant de répit qui n’en est pas moins productif. Ce sont des moments particulièrement appréciés pour les usagers de l’hypnose pour tout type d’intervention.
6. Une question de diversité des champs d’intervention
Si le principe de l’hypnothérapie est de modifier les croyances ancrées dans l’inconscient, son champ d’intervention atteint des horizons bien plus vastes que la psychologie dans le sens ou c’est un remède aux petits et grands maux du quotidien. La diversité du champ d’intervention et de ce fait d’application de l’hypnose n’est plus à justifier. Et c’est sûrement l’une des caractéristiques de cette discipline. Il est envisageable de consulter pour une simple peur, comme pour un traumatisme complexe. Mais l’hypnose est aussi une action de prévention, vous pouvez préparer un examen scolaire ou de conduite, une prise de parole devant une assemblée, canaliser des émotions en vue d’une situation à venir, bref autant de possibilités que d’évènements. C’est à la fois un point fort et une faiblesse car elle serait en définitive un remède puissant à toutes les inquiétudes qui jalonnent notre parcours de vie. En psychologie, le champ d’intervention est bien plus restreint, non pas qu’elle ne peut répliquer, elle en a les moyens, mais dans l’esprit des gens, elle ne sert pas dans ces cas. C’est une question de démocratisation.
7. Une question de démocratisation des disciplines
Le terme démocratisation provient du grec demokratia qui signifie « pouvoir au peuple ». C’est donc un concept qui vise littéralement à évoluer vers la capacité du peuple à agir. Il est bien question de l’action, mais individualisée cette fois-ci, de la personne à faire ses propres choix et à entamer le cheminement pour tendre vers un mieux-être. La discipline hypnothérapeutique s’est affranchie d’une caste pour exercer en libéral. Chaque commune, chaque ville, chaque campagne détient au moins un ou plusieurs hypnothérapeutes. Il y a quelques années en arrière, la profession restait passablement dans l’anonymat. Du côté des psychologues, le métier n’évolue guère, bien que récemment la psychothérapie ait été encadrée plus strictement. Il n’y a pas non plus, une ville ou un bout de territoire sans psychologue. Cependant l’accessibilité semble moins évidente car leur fonction s’adresse à une partie restrictive de la population. Autre vecteur de démocratisation, l’accès au métier. Pour le psychologue, le cursus réclame cinq années d’études minimum, alors que l’hypnothérapeute (hypnopraticien dans ce cas précis) peut se former en quelques mois. Ainsi, sur le marché, la quantité de praticiens en hypnose suit une courbe exponentielle alors que les étudiants en psychologie se trouvent à l’issue du cycle universitaire dans un contexte saturé de marché du travail. Nous ne savons pas ce qu’il en est pour les hypnothérapeutes car cela relève principalement de ses compétences p pour développer sa clientèle.
8. Une question de compétences professionnelles
Dernier point et non des moindres, celui des compétences professionnelles. Alors que les psychologues possèdent un tronc commun, des connaissances théoriques et pratiques bien délimitées, les hypnothérapeutes, au contraire, sont formés selon l’organisme formateur. Pour ces derniers, les contenus pédagogiques et formatifs sont à la libre appréciation des centres de formation. Les compétences que nous résumons en savoir, savoir-être et savoir-faire peuvent ainsi énormément varier d’un praticien à un autre. Prendre rendez-vous avec un psychologue est une affaire que nous qualifions de sécure, dans le sens ou la sécurité des compétences du professionnel semble établie. Malheureusement, faire route vers un hypnothérapeute, c’est un peu comme partir en terre inconnue. Cette absence, ce manque de repère pour le consultant fait pencher la balance en faveur du psychologue. Pour atténuer cette vision, il n’est pas permis de réduire à la seule acquisition d’un diplôme les compétences réelles d’un praticien. L’aptitude, la capacité, l’habileté, d’accompagner l’autre dans une démarche thérapeutique se construisent aussi avec l’expérience et la remise en question de sa manière d’opérer. Il ne faut pas négliger le lien qui se noue entre le consultant et son thérapeute.
9. Une question de remboursement par l’assurance maladie
Depuis deux ans, l’assurance maladie teste le remboursement d’une partie des consultations de psychologues libéraux dans quatre départements. Les mutuelles semblent s’engager vers un dispositif de prise en charge de quatre séances a minima. Alors qu’un consensus se précise concernant cette profession, pour la CPAM, le remboursement de la consultation auprès de l’hynothérapeute n’est toujours pas d’actualité. Certaines complémentaires santé quant à elles s’acquittent de quelques séances au titre des médecines douces. Aussi, la question du choix du thérapeute peut –il s’envisager uniquement sur le fait d’être remboursé. In fine, la santé psychique a-t-elle un prix ? Cependant, l’engouement pour l’hypnose ne fait que se renforcer mettant en arrière-plan le simple facteur tarifaire. Les consultants s’orientent le plus souvent vers un hypnothérapeute après de nombreuses tentatives auprès de psychologues. Ne trouvant pas leur compte, n’étant pas satisfaits des résultats, ils se voient tentés d’expérimenter d’autres alternatives, d’autres approches.
10. Conclusion : une question d’affinité avec le thérapeute et sa pratique.
Pour résumer, les deux disciplines sont distinctes avec de multiples corrélations. A la question « consulter un hypnothérapeute ou un psychologue ? », difficile de répondre de manière péremptoire. Les neufs points abordés offrent quelques éclairages. Reste toutefois en suspens la question plus cruciale de la relation entretenue avec le thérapeute. Car c’est souvent fatidique dans la prise de décision. Une tentative infructueuse, une relation compliquée, un défaut d’affinité avec l’un ou l’autre de ces praticiens suffisent à se tourner vers un autre type de service. Quoi qu’il en soit, c’est le soutien, l’accompagnement, l’avancée et les bénéfices repérés qui font que l’on maintient ou l’on arrête auprès d’une personne qualifiée. Le bon réflexe est de mener sa petite enquête auprès de vos amis, de votre famille, de votre entourage car le bouche-à-oreille est parfois le meilleur guide pour trouver le bon thérapeute.
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